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Grands voyages La montagne Nico

Chamonix-Zermatt-MontRose, en détail

Voir aussi : Chamonix-Zermatt-MontRose, en brefLes photos prises par Anne et Vincent

La Dream’Team

Vincent, vice champion du monde de sauter, en roulé boulé, dans un train en marche (le champion c’est moi, souvenir d’un séjour dans les fjords…). Découvrant de manière fortuite que son agenda de la semaine ne comporte que des RV facultatifs, il se permet de soudoyer les refuges à la dernière minute pour avoir une petite place à nos côtés ! Aurait des vues sur l’Alaska pour garder les enfants faire de la montagne pendant que sa femme y travaille.

Anne, la terreur du Vieux Campeur Lyonnais qu’elle a dévalisé tout au long de l’hiver et contraignant parfois les vendeurs à lui céder du matériel enfant (c’est moins lourd) ; elle m’en a gentiment ramené deux mousquetons d’à peine 23 grammes, vague paiement de dette par rapport à mes skis de fond _véritables bijoux familiaux_ qui ont fini leur vie sous ses pieds à une journée de ski de toute occupation humaine, dans le Vercors l’an dernier. Réconciliée avec les loukoums.

Nico, votre serviteur, qui a porté la corde tout le raid et a regretté tout le long son appareil photo, tellement c’était beau (maintenant c’est réparé !). Un gros tiers de chef de la petite bande, se réservant la place de choix du milieu lors des descentes encordées ! Toujours Voironnais, au cÅ“ur des Alpes, le pays de la Chartreuse !

Entre refuge, cabanes, rifugio et Hütte

Refuge du Trient

A 3170m, c’est haut perché pour une première étape mais tout se passe bien avec l’altitude. Depuis mon précédent passage en 94′, une extension a été construite avec des vitrages 16/9ème, du grand cinéma pour le coucher de soleil sur les Aiguilles Dorées, l’Aiguille du Tour, etc.

Cabane de Mont-Fort

Sur les pistes de Verbier, le charme revient dès que les remontées mécaniques sont fermées, mais le grand confort reste avec douches, petites chambres, etc. On demande des conseils sur l’itinéraire à l’aide-gardien qui tient la boutique pour le lendemain, il nous renvoie vers le guide du groupe d’à côté car, lui, il connait le terrain !


Cabane des Dix

Une usine qui tourne tout en restant conviviale, magnifiquement posée au dessus du glacier descendant du Mt Blanc de Cheilon, où Anne fait deuil de sa semaine sans alcool. Dans notre dortoir, le bas-flanc du dessus hérite de la partie féminine d’un groupe du CAS qui nous font bien rigoler avec leurs histoires de filles !!

Rifugio Collon – Nacamuli

On devait stopper à la Cabane des Vignettes mais, 10h30 pour arrêter l’étape, c’est un peu indécent malgré le spectacle qui s’offre à nous. Un coup de fil (sans fil) plus tard, on repart sur Nacamuli dans une ambiance très italienne à des lustres de la rigueur suisse… Dès que le soleil disparait, le froid fait rentrer tous les siesteurs dans le refuge où il ne fait, finalement, guère plus chaud que dehors.

Monte-Rosa Hütte

Ne pas se tromper de refuge : la nouvelle cabane est au dessus de l’ancienne et brille comme un diamant dans son écrin. Véritable bijou au fait des dernières évolutions de la haute qualité environnementale, cette cabane est très agréable à vivre même si on est conscient que le gardien, en plus d’être montagnard, doit avoir des compétences affirmées en électromécanique. Deux fonds de commerce, le Mont Rose et l’héliski…

Les étapes

J1 : Argentière – refuge du Trient

Ca commence bien tôt pour un terrien mais à un horaire normal pour les skieurs, 4h30 à Eybens. A 7h30, nous débarquons devant la benne des Grands Montets où nous sommes loin d’être les premiers. Attente, tickets, attente, bref nous héritons de la 3ème ou 4ème benne et à 9h30 on est enfin sur les skis ; un horaire normal pour les terriens, mais bien tardif pour les skieurs…

La descente sur le glacier d’Argentière rappelle à nos cuisses que ça fait 3 WE qu’il ne fait pas beau et que les skis ne sont pas sortis. Un repeautage plus tard, on commence la montée vers le col du Chardonnet ; Anne tente subrepticement de s’alléger d’une broche à glace mais on rattrape le coup !! Sans qu’il ne soit si haut, le col nous essouffle un peu mais nous sommes parmi les premiers de la vague « benne » (les derniers de ceux qui ont tranquillement dormi au refuge d’Argentière et l’on quitté à l’aube sont déjà descendus, on les rattrapera à la fenêtre de Saleina). Après un peu d’hésitation, je mouline Anne qui a chaussé les crampons, 30 m c’est un peu court mais elle a un top piolet et fini la descente comme une grande. Vincent descend en rappel avec les skis aux pieds ; quant à moi, je me glisse sur la corde fixe et je rechausse les skis juste avant la rimaye, histoire de ne pas en visiter le fond.

La remontée à la fenêtre de Saleina est chaude, le soleil tape. Un jeune couple, qui vient de renoncer à se tromper de col sur nos indications, tente de nous doubler. Mlle loupe une conversion et se retrouve en fâcheuse posture, c’est un peu raide… Je surveille tout cela d’en haut, Anne la rattrape par le collet et lui déchausse les skis, Vincent les met sur son sac tandis que M. s’exclame « P’tain, elle me casse le rythme !! » Mémorable.

Deuxième descente de la journée, toujours avec les peaux, nous arrivons au refuge du Trient.

J2 : refuge du Trient – Champex ; Verbier – cabane de Mont Fort

Le ciel est légèrement brouillé mais ça va tenir. Une fois n’est pas coutume, on commence par la descente et on finira par la montée. La fenêtre d’Arpette est vite avalée, la descente sur Champex bien tracée : poudreuse lourde en haut, croûtée au milieu et enfin gelée / damée sur le bas. 9h15, on est bien à l’heure pour prendre le bus, même si on tente l’incruste dans le taxi bondé d’un autre groupe. 3 courses, un bus, un train, un pique nique, un deuxième train et une benne, soit 3 heures et 30 km plus tard, nous arrivons à Verbier pour la 2ème partie de l’étape.

Il fait chaud, la montée sur les pistes n’est pas très intéressant et en milieu d’après-midi nous voilà à la cabane de Mont-Fort.

J3 : cabane de Mont Fort – cabane des Dix

Ce n’est pas annoncé grand beau, ni grand mauvais d’ailleurs. On débat sur la stratégie à adopter : soit on part en même temps que le guidos (mais ça fait un peu « ventouse »), soit on fait la grasse matinée, on le rattrape et on le double s’il ne fait pas trop mauvais. C’est cette deuxième solution qui nous parait optimale, on se réveille à 5h alors que le groupe vient de partir. Le premier col est vite avalé, la petite descente bien enchaînée et on se retrouve rapidement sur le glacier de la Rosablanche. Peu de problème d’itinéraire, c’est très tracé et le glacier est piqueté pour la Patrouille des Glaciers, un peu comme au bord de nos routes de montagne sauf qu’ici pas de route, simplement la Haute Route. Le groupe du guidos est rattrapé au sommet de la Rosablanche et, renseignement pris, il s’avère que s’ils sont moins nombreux qu’hier soir, c’est que du tri a été fait…

La traversée au dessus du lac des Dix est très efficace, du plat descendant bien gelé, ça file ; une nouvelle fois, il fait chaud pour la remontée entre le Pas du Chat et la Cabane des Dix…

J4 : cabane des Dix – refuge Collon-Nacamuli

Ici, rien à négocier, le petit déjeuner c’est 6h00, ni plus, ni moins ; pourtant ça brasse depuis un moment dans le refuge quand notre réveil sonne…

On descend vite fait sur le glacier pour mettre les peaux, la montée vers le col de la Serpentine est vite avalée (vous allez me dire, c’est une habitude ?!). Un incident restant heureusement sans conséquence survient : un groupe de chauffards nous double violemment, nous en sommes bousculés, alors qu’il a toute latitude pour faire sa trace ; pas sympa. Le passage de la Serpentine est en bon état, je mets un coup de turbo pour finir sur la Pigne d’Arolla, point culminant de ce début de séjour avec ses presque 3800 m. Spectacle superbe, entourés de glaciers et de « 4000 ».

La descente sur la cabane des Vignettes est sympa et juste crevassée comme il faut, ni trop, ni trop peu. La gardienne fait des crêpes en discutant au téléphone avec une copine et Anne négocie gentiment d’annuler nos 3 réservations, on ira au refuge d’après, ça gagnera du temps pour le lendemain. Direction l’Italie & le refuge Collon-Nacamuli !

J5 : refuge Collon-Nacamuli – Zermatt – Monte-Rosa Hütte

C’est une étape réputée longue, la dernière avant Zermatt. Profitant de la souplesse italienne, on se lève après les autres groupes pour mieux pouvoir les rattraper et nous voilà parti au petit jour. Le petit déjeuner, pris au refuge, compense un peu le petit repas la veille, et en guise de dédommagement on glisse un mini pot de Nutella dans notre poche ! Un premier grand plat permet d’atteindre le col du Mont Brûlé, un deuxième nous emmène au col de Valpelline où nous ne résistons pas à monter au sommet de Tête Blanche, un 3700 et des poussières. La Patrouille des Glaciers passe aussi par là, c’est tout piqueté et il y a même des containers posés sur le glacier ; on ne crache néanmoins pas sur la grosse trace pour zigzaguer dans les chaos de crevasses. La traversée sous la face Nord du Cervin est efficace même si Anne nous casse le rythme en déchaussant fort involontairement les deux skis, à deux pas des séracs. Zermatt est très vite atteinte, on skie jusqu’à la ville, mais en fin de saison les kilomètres à pied ça doit user les souliers.

Mais la journée n’est pas terminée, un apfelstrudel et quelques courses plus tard nous prenons le train en direction du refuge du Mont Rose, arrêt Rotenboden sur la ligne du Gornergrat, où nous arrivons à 16h30. L’itinéraire pour le refuge est peu tracé, on comprend vite pourquoi : le long chemin horizontal doit être un véritable coupe gorge l’hiver, heureusement pour nous il est déneigé. Avant de prendre pied sur le glacier, nous sortons la corde et ses 30 mètres nous paraissent bien petits au milieu des fragiles ponts de neige ; heureusement, la fantastique lumière de fin de journée nous réchauffe le coeur et nous arrivons enfin au refuge où, malgré l’horaire tardif, l’équipe des gardiens nous sert un copieux repas (on s’est un instant demandé si la première assiette servie était pour un ou pour trois, mais la malaise a été vite dissipé ; après 4 jours de purée ça fait du bien…). Au final, pour l’accès, il est conseillé de monter au sommet des remontées mécaniques au delà du Gornergrat moyennant un forfait « plein pot », et de descendre gravitairement sur le refuge.

J6 : la selle de la Dufourspitze

Le temps s’est refroidi, isotherme 0°C à 2300 m, ça va cailler aujourd’hui et on est prévenu. La trace est bonne, on suit la troupe et au final on loupe l’embranchement pour la Zumsteinspitze qui est le principal sommet skiable du Mont Rose ; c’est pas grave, on ira demain et on continue, direction donc la Dufourspitze ou la Nordend, on verra plus tard. Un premier passage bien crevassé nous incite à la prudence, nous sortons la corde et j’hérite de la place du milieu. Anne prend la tête et nous impose le rythme, tout se déroule bien et au final nous nous dirigeons vers la selle (« Sattel » 4350 m) de la Pointe Dufour. Il fait très froid, car la plus grande partie de la montée se déroule à l’ombre et il y a un petit vent. A la selle, le soleil nous réchauffe un peu mais nous restons glacés et stoppons là : une pente de neige/glace bien raide mène à une antécime et le sommet reste rocheux, délicat au printemps même s’il y a semble-t-il une corde fixe.

La descente est vite avalée, nous restons dans le faisceau de traces pour limiter le risque de crevasses mais nous remettons quand même la corde pour passer le petit chaos de sortie du glacier. Quand aux héliskieurs, bien qu’équipés de baudriers, ils skient direct ce passage dans une bienheureuse insouciance !

J7 : la Zumsteinspitze

Il fait encore plus froid qu’hier et il y a 10-15 cm de neige fraiche ce matin. Nous prenons garde à la bifurcation loupée de la veille et nous nous dirigeons vers le bon glacier. Nous serons les premiers aujourd’hui, voire les seuls même si nous croisons un vieux guide lors de notre descente qui nous remercie vivement pour la trace ! C’est en effet sur un terrain vierge que nous découvrons et dès la première crevasse la corde est sortie, ce n’est pas du luxe car les ponts de neige sont bien masqués ; on gardera également la corde une bonne moitié de la descente pour passer les coins qui nous ont paru les plus délicats, en utilisant en plus le principe de « trace unique ». Ce n’est pas du grand ski mais c’est plus sécurit’.

Vers 4000 m, à l’ombre depuis le matin, une pause sera l’occasion de compléter l’équipement : collant en polaire, pantalon chaud et maintenant surpantalon gore-tex pour le bas ; deux tee-shirt, une polaire, la softshell et à présent la veste en gore-tex pour le haut. C’est mieux comme cela, nous avons moins froid ! Nous stoppons à 4500 m au dessus du col entre la Zumsteinspitze et la cabane Margherita car il neige et, même si la visibilité est encore bonne, une perturbation est annoncée pour l’après-midi ; je ne souhaite pas renouveler l’expérience du Mont Blanc où nous avions l’an dernier fait toute la descente dans un brouillard à couper au couteau, car, si la trace à ski et le relevé GPS de la montée peuvent nous aider, ce ne sont pas des armes absolues.

Une brève pause au refuge et nous redescendons le grand glacier du Mont Rose, avec un final magnifique au milieu des cathédrales de glace et enfin un petit passage style canyon. Deux petits déchaussages plus tard et nous voilà à Zermatt, 2 minutes avant le départ du train (soyez rassurés, ce n’était pas le dernier !)

La logistique tip top

Un tableau valant mieux qu’un long discours, voir le document ci-joint qui rassemble les préparatifs de la logistique du raid : matériel personnel et collectif + hébergements et budget. Chamonix-Zermatt : matériel et logistique

L’itinéraire prévisionnel pour rentrer dans votre GPS : GPS chamonixZermatt (fichiers GPX compressés)

Les cartes suisses : on apprécie le site http://map.mountainbikeland.ch qui permet de partir avec des PDF A4 de la carte topographique…